Un fait divers comme on n’en a pas tous les jours à Pilani, l’épisode de Tanuj.
Tanuj est un intendant travaillant dans notre institut. Comme vous devez le savoir à présent, ô lecteurs fidèles de notre blog, l’Inde fourmille de centaines de petits métiers dont les intendants représentent une importante part. Leurs rôles sont variés. Nettoyer les couloirs et les salles de classe, apporter le thé à ces messieurs dames du staff enseignant, bref n’importe quelle tâche que le commun des mortels peut rechigner à exécuter. Tanuj était (j’emploie le passé mais il n’est pas mort je vous rassure) spécialisé dans le service du thé et la recherche d’objets. La recherche consiste à trouver dans les plus brefs délais l’objet mentionné par un personnel enseignant ou technicien. Il peut s’agir d’une pince coupante, d’un tournevis, de craies (le thé peut finalement tomber dans cette catégorie). Il était fréquent d’entendre gueuler dans les couloirs du BKBIET : TANUUUUUUJJJJJJ… quelques instants de silence durant lesquels le dit-Tanuj qui, œuvrant avec sa surcharge pondérale, peine à se rapprocher de la source de l'inerpellation sonore... PANIIIII ! (de l’eau !), et hop le voilà reparti en direction du filtreur pour ramener de l’eau fraiche et potable pour ses maîtres.
Une autre tâche de Tanuj (et voici qui nous rapproche du sujet de cet article) consistait à aider les enseignants lors des sessions de partiels à recompter les copies, distribuer des copies vierges, etc. Tanuj avait donc accès à tout. Propriétaire de toutes les clés de toutes les salles, il était l’homme idéal pour réussir l’opération dont il était lui-même le cerveau. Il choisît le soir pour opérer. Discrètement, du moins autant qu’il put (sa surcharge pondérale semblait causer chez lui une certaine maladresse), il s’introduisit dans la salle où sont habituellement rangées les copies et vola certains énoncés de partiels dont il s’empressa de faire des copies avant de les ranger à l’emplacement même où il les avait prises. Ces copies étaient ensuite vendues aux étudiants au prix de 500 Roupies (environ 7 euros, une somme sympa en Inde et probablement un bon quart de son salaire mensuel). Evidemment à force de répéter l’opération, ce qui devait finir par arriver arriva. Les professeurs s’étonnant que certains des étudiants habituellement loin dans le classement enchainent les 20 sur 20, finirent par suspecter quelque chose. Ainsi la direction employa quelques taupes parmi les élèves afin de découvrir l’instigateur des méfaits. Après enquête, la piste a été remontée jusqu’au pauvre Tanuj qui n’avait pu anticiper une telle perspicacité de la part des enquêteurs.
Le personnel a été attristé par le résultat de l’investigation puisqu’il était apprécié pour ses qualités de travailleur et que quand même, c’était un bon bougre le Tanuj ! Enfin tout ceci n’a pas empêché la direction de profiter de l’occasion pour virer illico presto son père qui travaillait également à l’institut, pourtant totalement étranger à l’affaire (il était gardien d’une des entrées principales de l’institut).
Epilogue : « Les antécédents de Tanuj ». Après une telle affaire, il nous apparut logique et ô combien naturel de fouiller le passé de Tanuj. Et quelle surprise ! Il n’est autre que l’homme qui avait espionné Claire dans les WC peu de temps après notre arrivé à Pilani. Déjà à l’époque nous l’avions mis en garde. Malheureusement ce ne fut pas suffisant…
PS : cette semaine à Pilani les minimales sont de 44 degrés et les maximales de 48 degrés.
